Juillet 2006

• Création de Nébuleuses de Lionel Bord au congrès mondial de Ljubjana en Slovénie

 

 

Novembre 2006

• Tournée au Japon

A la suite du premier prix obtenu au 5ème concours de musique de chambre d’Osaka, nous partons en novembre pour une grande tournée de douze concerts dans tout le Japon. En amont, l’organisation et la préparation de la tournée sont difficiles, avec des petites soucis de compréhension, inhérents aux différences de cultures, de langues… Bref, C’est avec quelques appréhensions, partagées par nos hôtes, que nous quittons la France le 2 novembre. Nous sommes finalement accueillis magnifiquement à Tokyo.

Premier concert dans cette magnifique et historique salle du Bunkakaïkan de Tokyo : le décalage horaire pas encore intégré, les nuits courtes, un programme très lourd (pendant toute la tournée , nous nous sommes demandés qui de nous quatre avait eu l’idée de ce marathon saxophonistique !) … Ajoutons l’enjeu et l’attente du public venu en nombre, voilà de quoi débuter en fanfare !! Sylvain aura passer son concert en apnée, incapable de se décontracter et de respirer normalement. Mais nous retrouvons l’attention et la chaleur du public, la magie des salles, le mystère de ces concerts où nous avons l’impression de jouer différemment, d’entendre notre répertoire sonner d’une autre manière. Nous retrouvons avec amusement et plaisir les traditionnels séances de dédicaces.… Cette année , la tendance est de faire dédicacer son portable, le must étant de signer les boîtes d’instrument .. oui, oui Mancuso, Wirth, Malézieux ou Tressos au stylo argenté étalé sur une boîte Selmer, c’est possible !!

Les concerts s’enchaînent… Sapporo, Matsumoto, Nigata, Takaoka. Nous ne connaissions que les grandes villes (Tokyo, Osaka), et nous découvrons les petites agglomérations, les différentes îles du Japon. Nous trouvons notre rythme, entre voyages, hôtels, promenades autour de l’hôtel, répétitions, à nouveau promenades autour de l'hôtel, repas, re-promenades. En fait, les journées sont longues, car nous vivons sur un rythme lent, si différent de celui que nous pratiquons en France. Et puis, il est difficile de crapahuter et de jouer au touriste quand il faut jouer le soir le Quatuor de Ravel, les Bagatelles de Ligeti, la Suite Bergamasque…. Les rituels et les habitudes se mettent en place... Lecture pour Sylvain, qui conseillé par le libraire officiant en face du Siège de Selmer dévore notamment les piliers de la terre de Ken Follett (le livre idéal de tournée !). Il sera néanmoins obligé de se rationner (100 pages par jour) pour tenir jusqu'au retour à Paris. Christian suit une série pendant les voyages, Fabrizio écoute de la musique tout en jouant à la PSP. Gilles apprend le japonais médiéval (non, non , là , c'est de la littérature …). Et puis une heure avant les concerts, quelques sketches des inconnus pour rentrer sur scène totalement détendus !!

Au bout de quinze jours, l'appel de l'Occident commence à se faire sentir et nos proches nous manquent. Les cartes de téléphone à 10 euros permettent une conversation limitée à 3 minutes. Autant dire pas grand chose quand il s'agit de raconter nos aventures, et de prendre des nouvelles de nos familles. Les tensions entre nous commencent à se faire sentir, même si sur scène, le programme désormais bien intégré, digéré et rodé, nous éprouvons des sensations et émotions incomparables. Ce fameux quatuor à cordes de Ravel dont nous doutions pouvoir rendre l'atmosphère, commence à sonner très bien, notamment ce magnifique troisième mouvement . Chaque concert amène de nouvelles prises de risques, des corrections de justesse nouvelles, une écoute plus fine de chacun d'entre nous. L'organisation plus qu'allégée des journées de concert nous rend totalement disponibles pour le soir. Par ailleurs, nous sommes de plus en plus à l'aise avec notre présentation en japonais. L'accent devient bon et nous lâchons progressivement nos bouts de papier pour présenter par coeur nos trois phrases. Fabrizio a ,et cela n'étonnera personne un très bon accent. Il est doué et de plus il y a quelques consonances communes entre japonais et italien.

Nous arrivons à Hiroshima pour un des moments très forts de notre séjour. Le concert du soir devient anecdotique en regard de notre visite au mémorial d'Hiroshima. Lieu de mémoire, de recueillement, nous sommes tous les quatre très secoués par cette visite qui se déroule en deux temps : un musée tout d'abord qui retrace la chronologie de la journée du 6 août 1945, où la première bombe atomique fut lâchée, puis ensuite une promenade dans ce qui est désormais un parc, lieu qui fut totalement dévasté et entièrement détruit. Il subsiste quelques ruines de bâtiment, conservées en l'état. Outre les photos, terribles et éprouvantes, beaucoup d'objets sont présentés et illustrent la violence et l'intensité de la bombe. des rails de chemins de fer totalement tordus, des morceaux de verre fondus et recomposés en d'étranges et inquiétantes formes. Nous sommes malheureusement contraints par notre emploi du temps à une visite "à la japonaise" et nous sommes obligés d'aller vite dans les différentes salles. La promenade dans le parc est paradoxalement agréable, l'endroit respire la quiétude , le calme et rappelle les parcs des temples de Kyoto. On sent une atmosphère propice à la méditation. Beaucoup d'écoliers font la visite en même temps que nous.


Nous terminons notre tournée par un concert à Osaka dans cette belle salle du Izumi Hall du où nous avions remporté le concours. Le concert est filmé et sera diffusé sur une chaîne nationale. Une retransmission qui sera entrecoupée de publicités, ce qui nous incite à penser que nous pouvons contribuer à faire vendre des sodas, des bières, ou des disques de rockeuses nippones ! Nous éprouvons un peu d'émotion et de respect pour nos accompagnateurs M. Matsunaga et M. Oshida, qui nous ont suivis tout au long de notre séjour. Nous avons pu parler de leur souvenir d'organisateur des tournées de Karajan et de la philharmonie de Berlin dans les années 1970. Ils sont très heureux du succès de notre tournée. Après une dernière visite dans notre magasin Yodobashi préféré, où nous pouvons faire quelque shopping inévitable, nous pouvons reprendre l'avion pour la France. Nous terminons la plus longue tournée d'Habanera à ce jour.

 

 

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